Jean François Kahn, ami du Cri

Jean François Kahn est notre ami. Pour notre équipe postal de performeurs numériques, appelés aussi posteurs, c’est de la jubilation. Personnellement, quand j’ouvre son canard et que je découvre un de ses articles dans Marianne, moi le directeur du CRI, je vois déjà sa bouille si caractéristique, ses petits yeux intelligents encadrés par ses lunettes d’intello et surtout sa gestuelle d’exalté: je me sens déjà en condition pour recevoir les bonnes paroles et le message du maître à penser.

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Jean-François kahn de retour sur Marianne

Le vieux est de retour sur Marianne. Jean-François Kahn, le fondateur du magazine, a repris du service après avoir pris de la distance pour cause d’élections européennes. Mais pour la bonne santé des médias, c’est une bonne chose de voir ce défenseur du droit à l’information reprendre du service. Défense, oui, il y a une vraie vigilance à tenir et il n’en faut pas moins qu’un fondateur vieux, mais bien vivant pour animer les troupes. On sait bien que le pouvoir est une affaire de réseau et que c’est le problème de la république. Comment empêcher que le réseau devienne une mafia, celle du président de la république. C’est bien ce qui menace en ces temps de crise et de peur alimentée par des journaux qui ont besoin de vendre du tirage et de complaire à la présidence.

Jean-François Kahn et les excellents journaux

Alors Jean-François Kahn reprend du service pour faire paraître tous les samedis son bloc-notes sur le journal Marianne. Cette semaine, il nous rappelle, entre autre, que l’hebdomadaire Le Point, révèle que s’est déroulé à l’hôtel Bristol, un palace parisien bon chic, une partie arrosée de 400 personnes (dont très peu de SDF) , ayant versé à la campagne de Nicolas IV plus de 3000 euros. Rien de choquant sauf que l’hôte était Eric Woerth est aussi le ministre du budget de la République française. Il rappelle ensuite que ce même Eric Woerth est tombé récemment sur 3000 (le chiffre, décidément) fraudeurs du fisc, et que les délinquants ont été invités en catimini à négocier un arrangement d’ami. Et de conclure:

Ainsi le vol d’un stylo Bic chez Auchan: mise en examen! Des employés de chez Continental ont cassé le sous-verre d’une commode même pas Empire dans une sous-préfecture: cinq mois avec sursis. Mais 10 millions d’euros chouravés à la collectivité par un hors-la-loi, rien, bernique, une invitation au Bristol et un arrangement en douce dans un boudoir.

Et la presse? Motus, il ne faut pas fâcher Celui Qui A Le Bras Long. Les commentateurs des grands media sont resté éloquemment coi. Surtout les plus célèbres. L’inconnu est qui? Le connu, lui, est coi. Enfin, sauf Marianne, qui est un excellent journal.

L’Evènement du jeudi

Les fidèles du mouvement postal s’en souviennent, le directeur du Centre de Cri avait informé La Poste qu’il commençait le Test O. C’était à Vicq-sur-Gartempe, il avait posté une lettre dans le bureau même où son grand père avait été facteur, le facteur Pierre Denis. Il informait les services de communication postale en Touraine et en Poitou, qu’une oeuvre d’art allait être postée à Besançon, dans une enveloppe portant seulement l’adresse Centre de Cri et rien d’autre. Louis Iosub, le directeur de la communication à Tours, nous avait répondu qu’il informait ses collègues pour que l’oeuvre d’Art soit acheminée sans encombre. Côté Poitiers, pas de réponse. Le lendemain, Louis Iosub m’envoyait un mail demandant de le rappeler par téléphone. Ce que je n’ai pas fait, préférant attendre l’arrivée de l’oeuvre d’Art.

Le directeur prévient les directeurs de la communication postale

Seulement, l’oeuvre n’est jamais arrivée. Elle est quelque part en souffrance, piégée dans les services postaux, peut-être détruite. Dans le même temps nous avions demandé à nos amis et collègues de nous envoyer leur cri de partout en France, dans une enveloppe affranchie pourtant la seule adresse Centre de Cri. Des dizaines de lettres ont été expédiées, après l’oeuvre d’Art. Y compris du Grand Pressigny qui n’est pourtant qu’à quelques kilomètres de la Minoterie, siège du Mouvement Postal. Or aucune de ces lettres n’étant parvenu, compte tenu que nous avions résolu de ne plus communiquer avec La Poste avant réception, nous étions dans une situation désespérée.

Jusqu’au jour où, après le test O et son échec, le directeur a décidé de lancer l’Evénement du Jeudi. Nous étions parti sur les traces de Jean-François Kahn, le créateur de ce journal disparu, et qui est également responsable de Marianne, confrère dont nous saluons la venue au monde. Nous étions à la recherche de la maison de son enfance au Petit Pressigny, quand il nous est venu, nous aussi, l’idée de tourner une sorte d’Evénement du Jeudi sur l’internet, qui ne serait d’abord qu’une page qui paraîtrait dans un des blogs estampillé Centre de Cri, et qui se donnerait comme objectif une réflexion sur le monde moderne, ou plutôt le Confort Moderne.

La première lettre est arrivée la veille de la tournée

C’est pourquoi ma première idée un peu naïve avait-elle été de proposer une tournée du facteur qui consistait à suivre un facteur.

Une bien meilleurs idée était en germe dans le crâne du directeur, alors qu’il rendait hommage à son grand père, en postant les lettres destinées aux directeurs de la communication postale. Car ce qu’il avait fait ce jour-là, ce n’était pas seulement rendre hommage au facteur Pierre Denis en lançant le Test O du Mouvement Postal, lui donnant son point de départ. C’était également donner rendez-vous à nos lecteurs, nos agitateurs et nos penseurs pour le jour du départ de la tournée revisitée, qui a eu lieu samedi dernier à Vicq-sur-Gartempe. Et encore, pas entièrement, car la tournée du facteur Pierre Denis est immense. 25 kilomètres par jour, entre neuf heures le matin et dix-sept heures du soir, à vélo ou à pied en fonction du chemin et de la boue, c’est ce qui s’appelle le confort moderne.

Or, la veille, nous avons reçu une lettre enfin, une seule, après des semaines d’attente. Ce n’était pas l’oeuvre d’Art de Besançon, mais celle d’un de nos élèves, partie de la Rochelle. Nous contacterons le bureau de poste pour en savoir plus. L’opération Test O n’était donc pas totalement un échec, peut-être le début d’une grande réussite.

Sur les traces du facteur Pierre Denis sur ce blog tous les jeudis

Sur les traces du facteur Pierre Denis sur ce blog tous les jeudis

Samedi donc, nous sommes parti sur les traces du facteur Pierre Denis, qui serait âgé aujourd’hui de plus de cent ans. Jamais tournée ne fut si pleine de péripéties, de rencontres, de témoignages. Le confort moderne dans un village mourant, ça ne se compare pas à la vie d’autrefois. A tous les coins de rue, l’imagination sautille et veut savoir ce qui s’est passé à la mort du facteur. Ci où là l’esprit philosophe et pose les grandes questions, pourquoi finalement a-t-on fermé l’école au lieu d’en construire une autre? Et qui comptait sur le facteur quand la télévision n’existait pas? Et que les facteurs n’avaient pas de voitures. Que les facteurs mangeaient et buvaient beaucoup au passage. Qu’ils rendaient tel service. Qu’ils savaient tout. De hameau en hameau, et même parfois de verre en verre, notre soif de connaissance ne parvient pas à quitter le comptoir. On veut faire descendre cet agriculteur de son tracteur géant, redonner de la presse à cet employé menacé par le chômage, goûter encore de ce rouge bien teinté, ouvrir cette vitrine fermée depuis des lustres.

Expliquer à cette passante qui veut nous confier son courrier que si nous travaillons dans la communication postale, nous ne sommes pas des facteurs du passé, ou du présent, peut-être de l’avenir. Désormais nous ouvrons cette page, tous les jeudis, l’Evènement du Jeudi. Pour mieux comprendre le Confort Moderne avec tous les moyens qui n’était pas ceux de Pierre Denis, comme je vous dis. Raconter sa tournée et celle, la sienne, que nous referons encore. Car, loin d’avoir tout vu et tout noté, avec le Confort moderne on ne sait jamais.