Les hirondelles ne font pas le printemps (Un papillon dans un bocal 6)

En entrant dans la gendarmerie, Dufilet passa devant le panneau des avis de recherche et des numéros d’urgences. Son regard s’arrêta sur une affichette plus brillante que les autres, jaune d’or : « pour tout problème de livraison des colis hebdomadaires à destination du continent, contacter le chef de poste au numéro habituel ». Une petite photo de mammifère ornait l’affichette. Probablement le logo d’une association écologiste locale ?

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C’est précisément ce chef de poste, un homme de petite taille au sourire raide, qui accueillit juste à ce moment Dufilet.

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L’origine du facteur

Il est 9 heures à Vicq-sur-Gartempe. Nous sommes aux alentours de l’an 1920, l’Europe est entre deux catastrophes et le Général François-Henry Laperrine s’apprête à vivre l’aventure aéronautique à l’origine du Petit Prince. Il part en solitaire pour traverser le Sahara, doit se poser en urgence et finit par mourir d’épuisement dans le désert. Le confort moderne des long-courriers en est à ses balbutiements. L’ère des communications approche.

Trois générations au départ

Trois générations au départ

Saint-Exupéry, le grand facteur, n’a pas oublié cette histoire. A cette époque, le jeune Pierre Denis a dû en entendre parler, lui aussi. Il est agriculteur dans le canton de Pleumartin et il a l’occasion de remplacer le facteur qui est mort. Autant dire l’occasion de se mettre à la marche à pied et à la bicyclette. Et à la mise à niveau pour passer les concours qui feront de lui un titulaire en 1935, l’année de naissance de son fils Jean, qui raconte son histoire, sa tournée.

La Poste de Vicq

La Poste de Vicq

Une tournée longue de 8heures. Ou plus, ou moins, il faudra qu’il soit de retour avant le départ du fourgon avec le courrier à 17 heures. Qu’il neige, qu’il vente. 25 kilomètres de paysages. C’est parti pour la tournée N°1. Le bourg d’abord, puis les alentours. Il me semble que nous allons parler, avec l’épaisseur du temps, de sa richesse et des choix qu’il nous propose. Non pas pour refuser le Confort Moderne en bloc mais pour le voir venir, et chercher, dans la profondeur du Temps, ce qui nous conviendrait le mieux, aujourd’hui.

Choisir. En avant!

Le Docteur Borboleta (Un papillon dans un bocal épisode 5)

Juste après le décollage, Dufilet appela par sa ligne privée le Docteur Borboleta.

Sa femme n’arrêtait pas de lui parler de lui. «Si tu savais, mon petit museau de tanche, comme il me comprend bien… Hier, je lui ai parlé de mon père. Il a tout de suite compris quel rôle néfaste ce pervers narcissique avait joué dans ma construction névrotique… A propos de ma mère, jamais personne ne m’avait expliqué comment elle était parvenue, victime de son amour confusionnel, à m’empêcher de devenir celle que je pouvais être… Et pour ce qui te concerne, il est catégorique: j’ai fait le bon choix (mon petit anchois) mais je serais bien plus heureuse si tu allais, comme il dit, «te faire comprendre à toi-même sur son divan».

Cabinet de Freud

Cabinet de Freud

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L’Evènement du jeudi

Les fidèles du mouvement postal s’en souviennent, le directeur du Centre de Cri avait informé La Poste qu’il commençait le Test O. C’était à Vicq-sur-Gartempe, il avait posté une lettre dans le bureau même où son grand père avait été facteur, le facteur Pierre Denis. Il informait les services de communication postale en Touraine et en Poitou, qu’une oeuvre d’art allait être postée à Besançon, dans une enveloppe portant seulement l’adresse Centre de Cri et rien d’autre. Louis Iosub, le directeur de la communication à Tours, nous avait répondu qu’il informait ses collègues pour que l’oeuvre d’Art soit acheminée sans encombre. Côté Poitiers, pas de réponse. Le lendemain, Louis Iosub m’envoyait un mail demandant de le rappeler par téléphone. Ce que je n’ai pas fait, préférant attendre l’arrivée de l’oeuvre d’Art.

Le directeur prévient les directeurs de la communication postale

Seulement, l’oeuvre n’est jamais arrivée. Elle est quelque part en souffrance, piégée dans les services postaux, peut-être détruite. Dans le même temps nous avions demandé à nos amis et collègues de nous envoyer leur cri de partout en France, dans une enveloppe affranchie pourtant la seule adresse Centre de Cri. Des dizaines de lettres ont été expédiées, après l’oeuvre d’Art. Y compris du Grand Pressigny qui n’est pourtant qu’à quelques kilomètres de la Minoterie, siège du Mouvement Postal. Or aucune de ces lettres n’étant parvenu, compte tenu que nous avions résolu de ne plus communiquer avec La Poste avant réception, nous étions dans une situation désespérée.

Jusqu’au jour où, après le test O et son échec, le directeur a décidé de lancer l’Evénement du Jeudi. Nous étions parti sur les traces de Jean-François Kahn, le créateur de ce journal disparu, et qui est également responsable de Marianne, confrère dont nous saluons la venue au monde. Nous étions à la recherche de la maison de son enfance au Petit Pressigny, quand il nous est venu, nous aussi, l’idée de tourner une sorte d’Evénement du Jeudi sur l’internet, qui ne serait d’abord qu’une page qui paraîtrait dans un des blogs estampillé Centre de Cri, et qui se donnerait comme objectif une réflexion sur le monde moderne, ou plutôt le Confort Moderne.

La première lettre est arrivée la veille de la tournée

C’est pourquoi ma première idée un peu naïve avait-elle été de proposer une tournée du facteur qui consistait à suivre un facteur.

Une bien meilleurs idée était en germe dans le crâne du directeur, alors qu’il rendait hommage à son grand père, en postant les lettres destinées aux directeurs de la communication postale. Car ce qu’il avait fait ce jour-là, ce n’était pas seulement rendre hommage au facteur Pierre Denis en lançant le Test O du Mouvement Postal, lui donnant son point de départ. C’était également donner rendez-vous à nos lecteurs, nos agitateurs et nos penseurs pour le jour du départ de la tournée revisitée, qui a eu lieu samedi dernier à Vicq-sur-Gartempe. Et encore, pas entièrement, car la tournée du facteur Pierre Denis est immense. 25 kilomètres par jour, entre neuf heures le matin et dix-sept heures du soir, à vélo ou à pied en fonction du chemin et de la boue, c’est ce qui s’appelle le confort moderne.

Or, la veille, nous avons reçu une lettre enfin, une seule, après des semaines d’attente. Ce n’était pas l’oeuvre d’Art de Besançon, mais celle d’un de nos élèves, partie de la Rochelle. Nous contacterons le bureau de poste pour en savoir plus. L’opération Test O n’était donc pas totalement un échec, peut-être le début d’une grande réussite.

Sur les traces du facteur Pierre Denis sur ce blog tous les jeudis

Sur les traces du facteur Pierre Denis sur ce blog tous les jeudis

Samedi donc, nous sommes parti sur les traces du facteur Pierre Denis, qui serait âgé aujourd’hui de plus de cent ans. Jamais tournée ne fut si pleine de péripéties, de rencontres, de témoignages. Le confort moderne dans un village mourant, ça ne se compare pas à la vie d’autrefois. A tous les coins de rue, l’imagination sautille et veut savoir ce qui s’est passé à la mort du facteur. Ci où là l’esprit philosophe et pose les grandes questions, pourquoi finalement a-t-on fermé l’école au lieu d’en construire une autre? Et qui comptait sur le facteur quand la télévision n’existait pas? Et que les facteurs n’avaient pas de voitures. Que les facteurs mangeaient et buvaient beaucoup au passage. Qu’ils rendaient tel service. Qu’ils savaient tout. De hameau en hameau, et même parfois de verre en verre, notre soif de connaissance ne parvient pas à quitter le comptoir. On veut faire descendre cet agriculteur de son tracteur géant, redonner de la presse à cet employé menacé par le chômage, goûter encore de ce rouge bien teinté, ouvrir cette vitrine fermée depuis des lustres.

Expliquer à cette passante qui veut nous confier son courrier que si nous travaillons dans la communication postale, nous ne sommes pas des facteurs du passé, ou du présent, peut-être de l’avenir. Désormais nous ouvrons cette page, tous les jeudis, l’Evènement du Jeudi. Pour mieux comprendre le Confort Moderne avec tous les moyens qui n’était pas ceux de Pierre Denis, comme je vous dis. Raconter sa tournée et celle, la sienne, que nous referons encore. Car, loin d’avoir tout vu et tout noté, avec le Confort moderne on ne sait jamais.

Schmetterling (Un papillon dans un bocal épisode 4)

Molfort et les trois stagiaires de Dufilet partirent aussitôt en avion, à destination du petit aéroport de Belle-Ile. Pour ce qui le concernait, le commissaire ne partirait que l’après-midi, après son rendez-vous. La mission de ses associés n’allait pas être simple: récolter le maximum d’indices, chez Adélaïde Balaffen, dans les environs, et plus largement chez les habitants.

Mais le problème restait le même: des indices, d’accord. Mais des indices de quoi ?

Mitterand - La force tranquille

Mitterand - La force tranquille

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Adélaïde Balafenn (Un papillon dans un bocal – épisode 3)

Dufilet n’avait pas fermé l’œil de la nuit.

Comme si les événements incroyables de la veille n’avaient pas suffi à son malheur, le coup de fil de Belle-Ile avait achevé de l’électriser.

Il s’était tortillé dans son lit comme un ver de sable sur un hameçon, et avait fini, au petit jour par aller une fois de plus transformer le circuit de son train électrique, pour tenter de se changer les idées.

Vers minuit, sa femme Gwenaëlle, faute de pouvoir dormir ailleurs, avait fini par se résigner à prendre un somnifère. Car précisément, la chambre pour les invités était de longue date encombrée par l’impossible train électrique qui sillonnait la pièce dans les trois dimensions, y compris sur et sous le lit, faisant tournoyer avec un insupportable petit bruit le train miniature, du sol au plafond en passant par les murs, comme une mite qui cherche une issue et revient toujours au point de départ. Elle avait renoncé de longue date à entretenir la pièce, ayant essuyé une sévère réprimande pour avoir seulement provoqué une rupture de rail avec le tuyau d’aspirateur… Le train avait déraillé, un phare s’était brisé… Pire que le jour où elle avait oublié de mettre des pruneaux dans le far…

Chenille cerura vinula

Chenille cerura vinula

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La tournée de Pierre Denis

Samedi 8 août 2009 c’est le repérage de la tournée du facteur Pierre Denis à Vicq-sur-Gartempe. L’endroit, c’est le parcours effectué par le personnage postal, sa tournée de distribution de lettres. Le personnage, c’est un facteur qui a travaillé pour la poste de Vicq-sur-Gartempe avant, pendant, et après la guerre de 39-45. Le narrateur c’est son fils qui se remémore les lieux, les gens et les anecdotes à propos de son père. L’action, c’est tourné, enregistré, conçu et animé par l’équipe du Centre de Cri au long de cette première journée de repérage et de rencontres.

Sined, petit fis de Pierre Denis, se prend pour le directeur du Centre Cri, et s’est lancé dans une bien intéressante aventure, patrimoniale et créative, c’est la tournée du facteur. Il a décidé de suivre avec son père le chemin de son Grand Père qui était facteur avant, pendant et après la guerre à Vicq-sur-Gartempe. Il s’agit donc d’un travail de mémoire et de repérage, des lieux, des histoires et des gens dont le père se souvient. Il s’agit aussi d’une promenade pour le repérage d’un éventuel documentaire sur le Val de Gartempe. Sined sera accompagné de son équipe du Centre de Cri, ses nombreux posteurs imposteurs, pour noter les souvenirs et visiter le pays tel qu’il est aujourd’hui.

Le facteur est aussi un individu social. On le croise encore dans notre France reculée et moderne malgré tout, puisqu’elle a accès à notre blog. C’est la France qui résiste au progrès inexorable du Confort moderne. C’est la France qui résiste pour combien de temps encore à la toute puissance de la ville et au conglomérat urbain. En suivant la mémoire de père grand père facteur militant communiste et résistant, c’est sans doute cette France-là que cherche a retrouver ou peut-être reconstituer le directeur du Centre de Cri. Il cherche peut-être à vérifier pour se rassurer, que l’humanité s’y trouve encore prête à réagir et à faire passer dans le dédale des mondes cachés de la campagne un fil qui relierait les gens entre eux.

Il y a deux mois nous avions demandé à La poste d’acheminer des lettres postées par des gens de toute la France et portant la seule mention Centre de Cri. C’était le début du mouvement postal. Les lettres, envoyés par des artistes et des gens ordinaires sont peut-être en train de périr dans les oubliettes ou on peut-être été brûlées. Nous ne les avons pas oubliées. Nous ne le savons pas où, il faudrait demander à Louis Iosub, chargé de la communication de La Poste en Touraine du Sud, qui est au courant de l’opération. La tournée du facteur sera l’occasion de faire connaître notre démarche artistique, politique et amoureuse. Vous pouvez vous joindre à nous ou suivre les progrès de notre démarche sur ce blog.

A l’occasion de notre tournée du Facteur Pierre Denis, nous distribuerons des enveloppes portant la seule adresse Centre de Cri qui devrons être remplies de ce que les gens voudrons, des lettres, des photos, des euros, et postée à Vicq-sur-Gartempe. Ceux qui veulent nous aider dans le premier documentaire de mémoire et de création, ne doivent pas se priver d’intervenir et d’inventer.

Trois générations au départ

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