Home » Compagnie Globtrott » Vivement jeudi » Vivement Jeudi de Mikaël Ollivier

Vivement Jeudi de Mikaël Ollivier

Mikaël Ollivier a écrit sa recherche du temps perdu des enfants. Vivement Jeudi se lit le temps qu’il faut pour aller faire pipi quand on prend un peu son temps.
Editions Thierry Magnier

Editions Thierry Magnier

Qu’as-tu fait aujourd’hui, demandera votre conjoint d’un air distrait? Vous auriez pu répondre assurément: j’ai lu Vivement Jeudi de Mikaël Ollivier.

De qui?

Sans doute, entre deux rendez-vous, deux courses, deux cavales, dans le lapsus des choses, utiles, urgentes, à faire, ce petit livre vert vous a passé dans les mains, quelques pages et pourtant tout un roman, vous l’avez lu et c’était, sans vous en rendre compte (l’enfant en vous s’en est aperçu), l’évènement de votre journée.

Vivement Jeudi est le récit haletant, à toute allure, contre la montre du mercredi d’une petite fille menée du fond de la campagne à l’autre bout de la ville, du cours de cheval à celui de musique, autour d’une horloge dont on ne peut faire le tour qu’en un seul jour. Croyez-moi sur parole, Mikaël Ollivier est scénariste, il sait raconter des histoires qui pullulent d’images, de péripéties et de personnages hilarants. Le lecteur de ce roman voit, comme un court métrage, la petite fille assise sur un trait de lumière, c’est son balais de sorcière et c’est pour éclairer notre vie de fou.

C’est une belle critique émouvante et drôle de notre société qui a peur de laisser les enfants sans rien faire, face au temps qu’elle suppose vide à force de tout calculer. Une société qui ne fait plus la part du rêve et confie ses progénitures à la machine de la surconsommation du loisir, pour occuper le temps à tout prix, ne pas le laisser en paix. C’est une chronique du papa absent, agent de la machine: « Alors ma chérie, qu’est-ce que tu as fait de beau aujourd’hui »? Chronique d’une mère angoissée et perdu dans un emploi du temps de dingue: »Dépêche-toi, on va être en retard« .

Ce qu’il y a de bien chez les enfants, c’est que leur esprit n’est pas assommé par les convenances culturelles. Quand sa journée de loisir et de culture est consommée, digérée, arrivée au fond de l’estomac, un enfant, s’il est assez jeune, arrive encore à parler de ces petites choses anodines qui font notre singularité, nos impressions d’individu solitaire dans l’immense cosmos et que nous n’osons plus partager. Ces instants saugrenus sont l’oeuvre du temps perdu livré ici en quelques pages par Mikaël Ollivier.