Manifeste du Cri

Tout débute avec une affaire de poste, de postiers et d’imposteurs.

le logo du CRI

le logo du CRI

Le bateleur des rues de Lésigny-sur-Creuse annonce, avec un chagrin non-dissimulé, que La Poste va fermer. C’est d’abord la panique générale dans le village, on se demande comment va de nouveau pouvoir circuler l’information, les nouvelles et les journaux. Plus de Poste. Et où échanger avec les autres ? Et comment échanger ? Quel ersatz postal ?

Mais le bateleur, dans la rapide élocution qui le caractérise, oublia de préciser, peut-être encore tout abasourdi de la nouvelle, qu’il s’agissait seulement du bureau de Poste de Lésigny, et non du service public dont les racines sont à situer dès le XVème siècle avec la création de la Poste aux chevaux par Louis XI ! Ah, chère France postale, tu vis encore.

le batteleur du village

le bateleur du village

Les premiers soulagements ne tardent pas à se lire, en cette période estivale, sur les visages qui dégoulinent de sueur. Nous sommes à l’été 2008. Seulement, si tout le monde regrette la disparition de ce relais séculaire d’information, personne n’entreprend vraiment une action concrète pour tenter de garder ce service public ouvert et la résignation gagne pas à pas le village. Les bouches restent closes sous cette chaleur battante, pas une rumeur ne gronde.

Pourtant, à la Minoterie, ancien bâtiment industriel qui est en cours de réhabilitation, on grince des dents et les résidents supportent mal la nouvelle. Au point que rapidement, la bouche de Jean-Michel DENIS, le nouveau propriétaire du bâtiment, ne peut plus supporter tant de révolte intérieure. Au fil des jours, la colère monte, les dents se desserrent, les mâchoires se détendent et notre minotier moderne lâche son premier cri. La naissance d’un mouvement d’idées, le point de départ pour un établir un nouvelle synergie en milieu rural.

la minoterie

la minoterie

Ce point de départ est donc la fermeture du bureau de poste avec à la clé, des suppressions de postes ! C’est la fin du dernier service public dans le village ; ne reste qu’alors une pharmacie et une boulangerie comme uniques lieux de rencontre pour les habitants. Pour les chèques, les lettres et les colis, il faudra prendre sa voiture ou gonfler ses mollets à vélo en direction de la Roche-Posay. Et en qualité de petit-fils d’un illustre postier, de surcroît exerçant à Vicq-sur-Gartempe, à quelques encablures de son actuel lieu de résidence, Jean-Michel DENIS comprend la nécessité de réagir comme la plus normale et la plus évidente des attitudes. Pourtant, dans les premiers mois qui suivent cette fermeture administrative, les idées ne viennent pas, mais l’envie continue d’occuper les journées de ce professeur d’arts appliqués. Les cris sont en gestation.

Sined : Clown, Rires et Impertinance

Sined : Clown, Rires et Impertinence

C’est en août 2008 que l’idée germe enfin. Après plusieurs mois de plantation cérébrale excessive, il va se créer à Lésigny-sur-Creuse une résistance face à cette fermeture. La France est alors en pleine guerre postale et communicationnelle : internet et ses mails narguent les lettres et leurs relais, qui, de plus en plus disparaissent en milieu rural. C’est dans ce contexte, O combien tumultueux, que se lance l’idée Centre de Cri.

Centre de CRI... et Blog...et.Com

Centre de CRI... et Blog...et.Com

Dans ces moments de confusion collective, un logo est rapidement dessiné et la pose des plaques intervient le Samedi 13 septembre 2008 , c’est l’occasion d’une petite fête à la Minoterie.

la pose des plaques du Centre de CRI

la pose des plaques du Centre de CRI

Très vite, les habitants du village /voient des points d’interrogation pousser sur leurs têtes/se questionnent – à choisir. Que cela signifie-t-il? Du jaune, du bleu, un nom et un logo qui rappellent étrangement la Poste. D’autant que le concept – Centre de Cri – mal prononcé ou mal lu renvoie inévitablement au Centre de Tri et à l’administration publique. Le performeur postal, un imposteur ? Et qui est vraiment postier dans cette histoire qui ressemble de plus en plus à une légende du Poitou? Et si, après la fermeture du petit relais de poste s’installait à présent un gigantesque centre de tri, ici, à Lésigny dans cette petite bourgade… Mais même le bateleur, de nouveau affolé par les événements, lit mal la pancarte. Ce n’est pas le retour de la Poste avec un centre de tri mais l’arrivée d’un nouveau mouvement artistique et rural: le Centre de Cri.

Centre de Cri.Com

Centre de Cri.Com

À partir de cette inauguration, quelques individus vont vouloir eux aussi devenir des performeurs postaux, nom alors bien étrange aux oreilles des autochtones. Devant les peurs et les interrogations que suscitent cette bande de posteurs déguisés, Jean-Michel DENIS s’empresse de clarifier les choses : « Le performeur postal est celui qui fait le choix d’une culture populaire en milieu rural en essayant d’introduire dans ses démarches artistiques les idées d’innovation et de recherche. Mais il n’est pas seulement performeur – c’est-à-dire concepteur et auteur de performances artistiques – il est aussi postal car il n’hésitera jamais à aller glaner des informations ici et là, à droite à gauche sur les événements culturels du coin, les rencontres et tout autre moment de partage et de convivialité où les individus s’échangent des paroles et des sourires sur leurs passions et leurs savoirs-faires respectifs. »

le performeur postal

le performeur postal

Ainsi, cette bande de performeurs postaux met rapidement en place un blog pour bénéficier d’une structure d’information et de communication à la hauteur des ambitions artistiques et journalistiques qu’elle s’est fixée. C’est là que sont rapportés les événements, les rencontres et que sont partagées les réflexions, locales ou plus générales. Dans la foulée, se lance une vaste opération, baptisée « Post-Performance – Test 0 » qui esquisse un partenariat avec le service public postal. Expérience qui n’en est encore qu’à ses balbutiements mais qui constitue en quelque sorte, et dans un premier temps, la carte de visite de ces hommes revêtant le bleu et le jaune.  Vous l’avez compris, dans les premiers mois du Centre de Cri, se lance avant tout un mouvement postal qui tente de remettre de l’artistique sur les enveloppes, et de l’humain dans la lettre. C’est le début d’une opération qu’on appellera aussi l’Évènement du jeudi.

le courrier du CRI

le courrier du CRI

Au fur et à mesure que l’aventure humaine se poursuit, les réflexions se multiplient, les envies s’affinent et le nombre d’articles augmente. Le blog gagne de plus en plus lisibilité et en popularité notamment grâce à une intervention très remarquée aux Déliriades 2009. Voilà, concrètement, un exemple de performance envisagée par le Centre de Cri.

le CRI des Déliraides

le CRI des Déliriades

Parallèlement, le tournage d’un long-métrage est entrepris dès l’été 2009. C’est le début d’une série d’articles publiés dans la catégorie L’Evènement du jeudi. «La tournée du facteur» s’intéresse à la vie professionnelle du facteur Pierre DENIS, exerçant à Vicq-sur-Gartempe de 1922 à 1962, qui n’est autre que le grand-père de Jean-Michel DENIS. Toujours en cours de réalisation, le film promet de rappeler à quel point le facteur a eu un rôle qui dépassait largement le cadre des fonctions que lui attribuait l’État. Du petit service rendu au rôle de confident, le facteur n’a pas fait que donner des lettres et  parcourir la campagne à vélo, il a surtout assuré une présence humaine, avec toute la chaleur et la convivialité qu’elle implique. Ce film sera sûrement aussi un moyen de montrer de quelles manières, au travers de témoignages et des récits, les campagnes des Vals de Gartempe vivaient à l’époque. Le projet ne manque pas d’intégrer un brin d’humour, comme d’habitude.

Trois générations au départ

Toute la tournée Cliquez cette image

Mais comme toute aventure, et tout mouvement artistique, l’entreprise de ces postal-performers a connu des hauts et des bas, alternant des périodes très prolixes à celles désertiques. Pour autant, le projet s’est de plus en plus affiné ces derniers mois, et nous sommes en mesure de définir clairement les priorités et les envies qui aujourd’hui nous animent:

  • Le centre de cri, c’est d’abord un lieu et un espace privilégié d’échange et de rencontre. Situé à Lésigny-Sur-Creuse dans l’ancienne Minoterie, réaménagée en lieu artistique rural, le bureau du Centre de Cri est doté d’une pièce de travail, d’une salle de café-concert, d’une grande salle où sont entreposés des œuvres d’arts plastiques et appliqués ainsi qu’une d’une prairie animalière. Accueillant des groupes de musique, hébergeant en permanence une compagnie de spectacle pour enfant, des artistes y viennent aussi faire des résidences quand ce n’est pas un public éclectique qui vient simplement assister aux différents événements qui scandent l’année : soupe collective, contes, festival de sculpture animalière, animation pour enfant, répétitions, concerts, réalisation de fresques murales, atelier de théâtre et de papier mâché,…
les événement de la Cie Globtrott

les événement de la Cie Globtrott

  • Le lieu est porteur de cette état d’esprit qu’est le cri. Le centre de cri, c’est une occasion d’échanger et de partager sur ses savoirs-faire, ses passions et ses talents tout en se respectant mutuellement. C’est aussi l’idée et l’envie de créer ou de recréer une culture rurale, populaire et innovante. Concrètement, ces ambitions se matérialisent par des événements qui tentent de réunir des gens d’horizons très différents autour d’un thème, d’une idée ou d’un plat afin qu’un échange humain puisse avoir lieu et que les relations sociales se renforcent. Le Centre de Cri est aussi une espèce de grande boîte à lettres et à idées prêt à étudier toutes vos propositions, prêt à publier vos articles, prêt à faire de la communication sur un de vos projets ou à propos d’un événement qui vous tient à cœur. Bien sûr, géographiquement, le Centre de cri n’a, pour le moment, faute de personnel, qu’une aire d’influence assez restreinte qui englobe Châtellerault et ses environs en passant par La Roche-Posay, Saint-Savin… Mais ce mouvement souhaite arpenter des lieux plus variés et aller partager plus loin.
    Localisation du Centre de Cri à l'échelle régionale.

    Localisation du Centre de Cri à l'échelle régionale.

    Localisation du Centre de Cri à une échelle plus locale.

    Localisation du Centre de Cri à une échelle plus locale.

    Localisation du Centre de Cri à Lésigny-sur-Creuse.

    Localisation du Centre de Cri à Lésigny-sur-Creuse.

  • Le Centre de Cri, c’est aussi un projet de communication alternative. Face aux médias traditionnels, le Centre de Cri tente de faire des reportages qui mêlent le sérieux, l’artistique et le décalé. On peut parler de choses très passionnantes en ajoutant une touche d’humour afin que le savoir et l’information soient accessibles à tous. C’est l’objectif des performeurs postaux dans les nombreuses vidéos que vous pouvez d’ores et déjà consulter !

  • L’innovation et la recherche, deux concepts très chers aux membres du Centre de Cri servent à guider et à affiner le projet. Rien ne se veut fixé définitivement, et ces envies d’innovation et de recherche servent à se remettre en question, à rediriger une action, à reformuler des envies et à surtout ne pas se laisser enfermer par toute auto-suffisance ou quelque contemplation. Le Centre de Cri est clairement animé d’une envie de mouvement et de déplacement.
la 2cv du CRI, l'objet du mouvement!

la 2cv du CRI, l'objet du mouvement!

CRI comme Culture Rurale Innovante, CRI comme Créativité, Recherche, Innovation.

D’une facétie entre amis vers la performance artistique et communicationnelle, le pas postal a été franchi et les idées ne demandent qu’à faire des pas de géants pour dépasser le stricte cadre communal et partager toujours plus. Avec maintenant plus de 50 000 visites en 1 année et demi d’activité, le blog, qui sert de relais à toutes les actions entreprises par les performeurs postaux, tend à prouver que les campagnes sont prêtes à se regarder elles-mêmes et à se lire différemment, en adoptant progressivement les médias contemporains comme source d’information. Bien plus qu’une contre-information, l’expérience Centre de Cri se place sur un créneau rarement occupé en milieu rural: faire de l’information et de la communication de façon décalée sans sombrer dans le comique total tout en suivant ses préceptes de recherche et d’innovation qui guident nombres d’expériences artistiques et postales.

le jaune a pris l'ascendant sur le rouge

le jaune a pris l'ascendant sur le rouge

Cela peut laisser présager d’un bel avenir pour le Centre de Cri qui ne compte pas en rester là. On parlerait – c’est ce que rapporte (encore lui!) le bateleur de Lésigny – d’un Festival du Cri…Espérons que cette fois-ci, celui-ci dise vrai.

Mécano, oui! Mégalo, non!

Mécano, oui! Mégalo, non!

les moyens du CRI : le livre jaune!

les moyens du CRI : le livre jaune!

Fête de la musique à Paulmy

Programme

Programme

Le samedi 19 juin 2010 à Paulmy, dans cette petite bourgade de Touraine du sud, s’est déroulée sur toute la journée une fête de la musique avec un programme à la hauteur de l’événement. Ce petit village a eu le privilège et la mission de représenter les 21 communes de ce territoire. Ce fut un feu d’artifice de musique de 16 h à 2 h. De l’église au terrain de plein air. De la musique classique, du jazz, du blues, de la country, musique du monde, … pour tous les goûts. Chacun à la hauteur de sa musique. Et le public, aussi ! Superbes moments de partage.

Le Programme

16h00: Sébastien Pellerano (guitare classique)

17h00: Anna Tanvir (harpe)

18h00: Tempo Oiô

18h30: Sylvain Bigaud

19h00: Danse country

20h30: Jeudi Blues (jazz)

22h00: Troupe Ouama (Burkina Faso)

La Cie Globtrott de 16h à 20h a assuré généreusement l’animation de l’espace enfants, avec ses jeux de plein air.

Cet événement fut organisé par une équipe locale dynamique qui a travaillé depuis plusieurs mois dans un joyeux état d’esprit. Le village ne comptant que 300 habitants ! Il ne faut pas oublier cathy qui a managé de main de maître la programmation et qui a assuré une présence exceptionnelle, hors du commun, pour veiller à l’enchainement de la journée. Partout à la fois, et un bel exemple de générosité. La Touraine du sud vient de gagner une sacrée bonne femme ! qui va s’implanter à Paulmy. Attention les copains, ça va déménager !

Ce fut une belle journée réussie pour ce charment village qui le mérite bien, Le temps menaçant nous a épargné. Tant mieux. Ce projet fut soutenu par les principales collectivités locales, le conseil général et la communauté de commune qui voient d’un bon œil l’action des bénévoles agir pour le bien commun et le bien vivre ensemble. Regardez le train de vidéos, qui suit, pour vous rendre compte de l’ambiance. Le lancement de journée fut relativement calme avec une explosion en début de soirée et une fin sublime avec le groupe Ouama du Burkina Faso. Et le feu d’artifice !

(suite…)

Journée du Patrimoine de Pays à Vicq sur Gartempe. Un personnage: Pierre DENIS

La tournée du facteur

La tournée du facteur

Sur internet, vous ouvrez le moteur de recherche Google, vous tapez Vicq sur Gartempe et personnage. En un millième de seconde, le résultat est immédiat, les quatre premières réponses sont consacrées à mon grand père Pierre DENIS. Et là, c’est la jubilation, parce que le petit fils comprend qu’il a réussit à sortir de l’anonymat son grand père qui, pour lui, était un personnage. Il n’était pas un homme à recevoir les honneurs, ni homme politique, ni artiste, ni inventeur, il n’était que facteur. Comme disait ma grand-mère, il aurait pu être receveur au Blanc ou à Châteauroux, ça lui aurait plus à elle, mais lui, il voulait rester à Vicq sur Gartempe, son berceau familial et mourir dans sa maison natale. Les tranchées de Verdun et le désert de Gobie en Syrie ne l’avaient pourtant pas enlevé à sa famille. Sinon, je ne pourrais écrire ces lignes aujourd’hui. Ce n’était qu’un homme de lettres ! Dans son grand sac de la poste qu’il transportait sur son vélo, il y en avait beaucoup de lettres qu’il portait ici ou là sur sa grande tournée. En cela, sa vie pourrait paraître banale, semblable à bien d’autres et ne pas faire l’objet d’un film, d’un livre, au pire ne pas être le thème central d’une exposition le jour de la journée du patrimoine consacrée aux dates et personnages.Et bien, nous, sa descendance en avons décidé autrement.

Après la fermeture de la poste de mon village, j’ai décidé de réagir sous la forme d’un canular et créer le centre de cri en jouant sur la confusion de l’installation irrationnel d’un centre de tri dans un bled paumé avec enseigne postale trafiquée. Et dans la foulée, depuis plus d’un an, nous nous intéressons à ce personnage : Pierre DENIS, notre ancêtre, facteur à Vicq sur Gartempe de 1922 à 1961 qui, par tout temps, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, est monté, sur son vélo pour arpenter les 26 Kilomètres de sa tournée quotidienne. De manière non conventionnelle, sous une forme humoristique, nous recherchons sa trace, son empreinte à travers le bourg et la campagne dans les souvenirs des survivants de cette époque révolue. Accoutrés d’un costume de posteurs de l’an 2000, portant chemises, casques et bobs bleus et jaunes, logos revu et corrigé de la poste, nous déclenchons des événements que l’on peut appeler performances. Sorte d’interview-spectacles. Nous ne sommes pas des documentaristes, nous investiguons autrement en agissant sur l’histoire. Ce travail insolite, décalé et novateur est visible sur notre blog Centre-de-cri.com. Il prend la forme d’articles et de Vidéos. Le fils du facteur, jean DENIS est le principal acteur des reconstitutions où il relate ses souvenirs d’enfance en tournée avec son père. Le petit fils, Jean-Michel DENIS joue le rôle du posteur-interviewer, sorte d’auguste qui fait des allers-retours entre le passé et le présent…pour inventer l’avenir. Et l’arrière petit fils FXD s’occupe de filmer en images vidéo les différentes expériences. Pour nous, ce témoignage de notre ancien devient une source d’avenir, une réflexion sur notre futur. Le samedi 19 et dimanche 20 juin 2010 à la minoterie de Lésigny, vous pourrez rencontrer l’équipe des posteurs de la tournée du facteur qui vous parlerons de cette expérience et surtout de la mémoire de Pierre DENIS. Notre ancêtre était un sacré bonhomme et un faiseur d’histoire. Pour en savoir plus, suivez la tournée du facteur sur centre-de-cri.com.

Journée du Patrimoine de Pays

Journée du Patrimoine de Pays

Et dans son village natal, à côté de sa maison, le 20 juin 2010, dans le parc de la mairie, une association culturelle, VGCA (patrimoine et développement) organise une journée autour des hommes et des événements qui ont fait l’histoire locale dont le titre est « Faiseurs d’histoire ».

Programme: L’histoire des jours d’angles. La ligne de démarcation. Les ponts des vals de Gartempe et Creuse. Les dessins de reconstitution du Château d’Angles. Les inscriptions de murs (linteaux, portes et lucarnes). Les variations des limites administratives. Le cadastre napoléonien. Généalogie. Exposition du peintre Pouteau. Archives photographiques du studio Arambourou. Contes traditionnels à 16h. Conférences de R. Decluzeau à 18h.

La culture populaire rurale

Samedi 6 février, le CRI est sorti! Suite à une réunion du conseil de développement de son secteur (Communauté de  commune Vals de Gartempe et Creuse) fort intéressante, le directeur du journal électronique a quitté son écran informatique, s’est déplacé sur notre terrain favori et a mené l’enquête dans le cadre réel.

Faire un sondage grandeur nature et une investigation sur toute la journée. Question: il y a t-il du vivre ensemble festif l’hiver en milieu rural? Conclusion rapide et évidente: Les ruraux ne sont pas des morts vivants avachis sur leur canapé à regarder bêtement les grandes messes télévisuelles. Désolé de contredire la bienpensante Boboïste! Pour cette seule journée sur un périmètre restreint de notre territoire, de nombreuses possibilités de passer un moment avec d’autres congénères. Il y en avait pour tous les goûts. Du banquet, du jeu, du spectacle et du théâtre. Les associations, loi 1901, à but non lucratif était, ce jour, vraiment sur le pont. Allais-je pouvoir boucler la tournée des lieux festifs en moins de 8 heures et en pas plus de 28 kilomètres comme le faisait mon grand-père pour sa tournée de facteur? Je suis monté dans l’auto  2CV postale du cri aux couleurs jaune et bleu du mouvement postal, le bob du Posteur visé sur la tête, direction toute, à l’ouest.

Le président Daniel Danaud et les prochains
Le président Daniel Daniault et les prochains

A Coussay les bois, 12h30, j’arrive sur du lourd, c’est la plus grosse Saint Blaise du coin, la fête des laboureurs et des travailleurs réunis, une fête dont l’origine remonte à la Révolution Française. J’arrive à l’apéro car je me suis dispensé des réjouissances du matin. Je les connais parfaitement car je fus l’année dernière président de celle de Lésigny. C’est un gros programme, tout un rituel, le président pendant cette journée devient le personnage le plus important du village. Il préside les festivités, ce rassemblement d’êtres humains qui vont honorer, certainement pour la plupart sans le savoir, la nature notre mère nourricière qui pendant l’hiver se repose pour se remettre à vivre au printemps et nous donner ses fruits à l’été. On n’a certainement perdu le sens de cette fête mais mon impression est que, pendant ce moment, il règne un sentiment de paix entre ces gens venus partager ce repas. Le banquet. Tiens, cela me fait penser à la Cène de Léonard de Vinci. Merde! Je parle de culture. Non, je parle de Fraternité, de ce mot que les révolutionnaires voulaient installer dans cette société qu’ils rêvaient idéale.

Pierre, Dany, Jacqueline et les autres. Les convives du Banquet.
Pierre, Dany, Jacqueline et les autres. Les convives du Banquet.

350 convives autour des tables, ce n’est pas rien ! On parle, on fait des discours, une dame chante, puis une autre et encore une autre, un monsieur raconte une histoire. Cette année Camille Robin de Pleumartin n’était pas là. Alors lui, il vaut le détour, c’est une sorte de Coluche local qui peut vous enchaîner une multitude d’histoires qu’il a soi-disant vécues et faire en même tant une revue de presse à sa façon des actualités. Je prends à chaque fois un cours de comédie. Le reporter, que je suis, fut un peu déçu, car je voulais, cette fois ci, le mettre en boîte. Quand soudain semblant crever le ciel et venant de nulle part (Barbara!), un garçon s’est levé, a pris le micro et nous a chanté une Chanson de Charles Aznavour sans la massacrer. Une véritable belle voix. Applaudissement. La révélation de la journée. Il chantera plusieurs fois et sera écouté à chaque fois avec admiration. Ce n’est pas son métier mais on imagine secrètement pour lui une carrière dans cet art. Il nous à fait tout simplement partager et avec beaucoup d’humilité un peu de bonheur. Émergence d’une belle voix parmi des gens simples… Sommes-nous en situation de culture ?

18h30, je sors enfin, j’ai bien mangé, trop, même beaucoup trop ! Ce repas préparé par un traiteur était digne d’un bon resto. Tout ce travail dans l’arrière cuisine installée dans un petit semi remorque, ce n’est pas rien aussi: le restaurant qui se déplace à domicile. Je rejoins l’auto 2CV postale en me disant que tout n’était pas extraordinaire mais que finalement j’ai passé un bon moment, j’ai discuté avec l’un et l’autre, rigolé et j’ai même retrouvé une copine d’école de CP !

Direction Leigné les bois, un patelin à 7 bornes d’ici, j’ai un tuyau, il parait que là bas, il y a une petite fête à la mesure du village qui n’est pas énorme. Encore une fois, j’arrive là à l’apéro. Ici, la soirée va se dérouler aussi autour du partage d’un repas. Un petit repas préparé par les bénévoles ou dans une ambiance plus feutrée les gens vont discuter tranquillement sans être obligé de pousser sur la voix. Ici, la soirée est placée sous le signe de l’histoire, du patrimoine vivant. Déjà, à l’apéro, un diaporama défile sur un écran géant montrant des paysages, des endroits du village mais surtout des scènes de la vie, d’aujourd’hui et surtout hier.

Le repas diaporama convivial de Leigné les bois
Le repas diaporama convivial de Leigné les bois

On me présente madame Pinson, une charmante dame dynamique, d’un âge certain, la mémoire vivante du village et une ancienne de la troupe de théâtre. Elle commentera à la fin de la soirée toutes ces photos et parlera de tous ces gens qui y figurent, des humbles et de ceux qui ont marqué les esprits par certains traits de caractères. Cette dame avec son nom d’oiseau gaie m’intéresse par son côté mémoire locale et ses photos, elle les a sur sa clef USB. Diantre! Je prends date pour un autre passage car je ne resterai pas ce soir pour manger, il faut que je continue ma tournée. Je  me rends compte ici que ce village n’est pas un trou perdu, que les gens sont organisés autour du GAV, le Groupe d’Animation Villageoise. Un ensemble d’animations sur l’année sont proposées à la population et que… pour communiquer, ils ont un blog, et ben là, je tombe sur le cul ! Le président de l’association me donne sans aucune fierté et humblement l’adresse électronique : gav-leigne-les-bois.over-blog.com Encore ici, des biens vivants. Et le spectacle vivant, ils connaissent, ils font venir au printemps une troupe de Tours. Ah bon ! Feraient-ils de la diffusion culturelle sans le ,savoir ?

Madame Pinson, la mémoire dynamique de Leigné les bois
Madame Pinson, la mémoire dynamique de Leigné les bois

Je quitte cette centaine de personnes pour revenir sur mes pas et poursuivre ma tournée de Posteur. J’aurais pu remonter au Nord et aller à Mairé. Mais me faire une autre Saint Blaise dans la même journée, c’est beaucoup trop, je ne suis pas conseiller général ni président de com.com. Certes, je suis un rural,  mais pas un laboureur de banquet, et je tiens à ma ligne.

Arrivé à Lésigny, je m’aperçois en passant devant la salle des fêtes qu’elle est pleine à craquer. 300 personnes certainement en train de jouer au Loto, je ne m’arrête pas, je suis dans mon village, je connais l’ambiance, c’est la capitale cantonale du Loto. C’est comme ça tout les Week-ends . Tout le monde serre les fesses pour gagner gros et petits lots dans un lourd silence ponctué de nombreux soupirs. Certains ont besoin de cela, si c’est bon pour eux! Personnellement, je trouve que ça manque d’animation. Je leur ai proposé une fois de faire un loto délirant, un peu décalé mais je ne sais pas si cela se fera car il faudrait pas mettre en difficulté la culture de sérieux du Loto de Lésigny.

Je continue ma route vers l’est et je m’offre une fantaisie en passant la frontière! C’est à dire que je passe la Creuse et je pousse jusqu’à Ligueil pour constater de mes yeux un phénomène qui a lieu tous les ans, à la même époque: le spectacle de l’association l’école buissonnière au profit de l’association des Restos du Cœur. J’arrive sur une concentration humaine qui est bien décidée à se faire plaisir en se marrant à pisser de rire. C’est acquis depuis longtemps, l’équipe de mon copain Christian a encore concocté un spectacle mêlant théâtre et chansons. Christian a donné l’habitude d’offrir au public des créations qui sont de véritables shows et chaque année toujours mieux. Cette fois ci, Ginette part en croisière, tout un programme. Si c’est la cousine de la Maria, je t’explique pas le délire. Ce n’est pas la peine que je demande une place. Je suis invité à une prochaine représentation qui aura lieu à Sainte-Maure.  Et  je paierai ma place car je ne suis pas un politicaillon!  Ce spectacle sera aussi produit à Loches avec certainement  quelques séances supplémentaires. Le succès oblige. Il devrait être vu au final par plus de 4000 personnes.  Une bonne recette en perspective pour les Restos de notre pote Coluche. Salut à toi Michel. Je t’imagine dans un banquet des laboureurs! Une idée à soumettre à Christian pour un prochain spectacle populaire. Peuple ne rime pas forcement avec vulgaire, messieurs de la culture!

Mon pote
Notre pote

Je connais certains subventionnés qui aimeraient obtenir autant d’entrées sur leurs festivals. Bon ici, je quitte encore 400 personnes et je file à Preuilly sur Claise. Là bas, Molière est à l’honneur, j’ai envie de faire la sortie de la pièce de théâtre pour poser quelques questions indiscrètes concernant la pratique surprenante d’une association culturelle du Sud Touraine qui envoie en justice un blogueur. Je rentre enfin chez moi avec le sentiment d’avoir bien rempli ma journée. Et faisant le constat que j’ai dû croiser dans la journée plus de 1500 personnes occupées à des activités plus ou moins culturelles. C’est pas mal pour une journée d’hiver à la campagne. Et que vive  Aldi!

Le Centre de CRI

Le Centre de CRI

Arrivé devant les portes de CRI, je me dis que je pourrais bien pousser jusqu’à  Coussay  les bois pour voir à quoi ressemble la fin de soirée. Comme dirait mon copain Jean Clown, on va pas s’arrêter là, on va en remettre une! Ici la fête bat son plein, les incorrigibles  festards dansent pendant que Daniel fait soupeser un jambon qui sera le dernier lot à gagner. Daniel Daniault a présidé de main de maître avec une présence sympa faite de prises  de paroles justes et avec humour. Ce gars pratique la relation humaine. Il faut dire qu’il est marchand ambulant, boucher et  charcutier. Sur la tournée, les gens isolés l’attendent comme le facteur. C’est un sujet pour le CRI et son histoire sera racontée dans un prochain article.

Les dominic Allan et les festards

Les Dominic Allan et les festards

Les Dominic Allan sont là, sur la scène, et  jouent des standards d’aujourd’hui et d’hier et ça marche encore! J’y vois la persistance des bals musettes que nous avons connus gamins dans ces mêmes villages. Et que de souvenirs et d’émotions au son de l’accordéon…  Je rentre enfin chez moi avec le doux rêve qu’ il y a , ici ou là, certainement des âmes généreuses qui souhaitent faire émerger et développer sur notre territoire une culture dont nos enfants seraient fières un jour!

I have a dream - j'ai un rêve !
I have a dream – j’ai un rêve !

Les correspondants de presse NR et CP, absents sur le terrain, ce jour, pour de bonnes raisons, congés bien mérités, peuvent compter  sur les Posteurs du journal électronique du Centre de CRI pour leur faire passer les photos d’une journée finalement peu banale en milieu rural.