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La bulle financière et les jours d’Angles

La bulle financière et l’ordre des choses. La spéculation mondiale et la place de chacun au village. La dérive des produits financiers et la crédibilité des gens de Vicq sur Gartempe à l’époque de Pierre Denis, facteur, responsable de la tournée Numéro 1. Les choses vont ensembles. Et pourquoi? Parce qu’il y a deux sortes de crédit, qui sont au fond la même chose. Il y a le crédit que vous avez auprès des gens, qui disent que vous êtes quelqu’un de crédible. Par exemple, avoir du crédit, c’est avoir de la confiance, c’est que les gens savent que vous êtes capable de faire ce que vous prétendez faire. Un maire qui a du crédit pour être maire, repasse au prochaines élections. Une épicerie qui perd son crédit perd ses clients. Ce crédit là vient de la nuit des temps. Il est quasiment sacré. Tellement vieux et tellement sacré qu’on croirait que c’est Dieu qui la créé.

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Et puis il y a une autre forme de crédit. Le crédit financier. Il ne vient pas de la nuit des temps. Il vient des banques. C’est un crédit qui apparaît un jour sur votre compte et vous propulse un ou plusieurs crans au dessus des autres. Il vous bouscule tout ce qui semblait en place depuis la nuit des temps. Il met l’agriculteur plus haut que le maire ou le notaire plus bas que le boulanger; avec une opération bancaire, ce crédit là aussi est en rapport avec l’ordre des choses, avec la place de chacun, la crédibilité des gens du village. Mais c’est un crédit fluide. Il vous bouscule un vieux monde comme qui rigole. D’un coup c’est la crise. Et qu’est-ce que la crise? C’est ça, la bousculade, la confiance qui fout le camp. Et avec la confiance le crédit. Et avec le crédit l’ordre des choses. Quel crédit? Celui de la nuit des temps ou celui de la banque. Celui du maire de Vicq-sur-Gartempe ou celui du spéculateur? Eh bien, justement, les deux. La crise quoi.

Un jour les crédits pleuvent, les gens s’en vont, les entreprises prospèrent, mutent. Le monde entre en fusion, la bulle gonfle. On revoit la scène. Grand Rue de Vicq-sur-Gartempe, le fils de Pierre Denis, Jean, devenu grand père à son tour, nous raconte. A moins que ce ne soit sa femme, je ne sais plus, je note. Ici un autre café, fermé. Là, boucherie, fermée,Pierre travaillait avant de commencer sa tournée à neuf heures pour mettre du beurre dans les épinards. Il était copain avec tout le monde, et il y avait du monde. Estimé. Crédible. Sa femme le lui disait, elle voulait qu’il bouge, qu’il deviennent receveur, qu’il change de place. Pierre Denis était conservateur, les injections de crédits, les mutations sociales, il avait l’air d’y tenir moins qu’à sa tournée. Un tient vaut mieux que de tu l’auras, c’était sûrement sa devise.

Tournée facteur Pierre Denis Vicq GartempeEt la femme de Jean, Monique, me regarde en disant: ici une ancienne collègue qui faisait des jours d’Angles. Une activité éteinte qui faisait vivre des dizaines d’ouvrières dans le village. La mutation des positions, des places, des populations, des consommations, la prolifération du crédit. La bulle d’Ozon en ébullition. La couche d’Ozone en perdition. Jean et Monique durent vendre la maison, partir à la ville, Châtellerault, avant le choc pétrolier. Mais permettez-moi de vous dire ceci. Dans Marianne, un expert de la finance nous explique une chose finalement simple. Les banksters de la spéculation sont en train de nous préparer une nouvelle bulle qui explosera, comme prévu, comme la précédente, parce qu’une bulle, c’est fait pour gonfler et exploser mais surtout parce qu’une bulle financière ça se fait en injectant du crédit, c’est-à-dire en mettant l’ordre des hommes et des choses cul par dessus tête.

C’est pourquoi sans doute l’église catholique a eu tellement de mal à s’y mettre, au crédit. Pierre Angulaire que n’ont pas rejeté les protestant.