Sur le chemin de la mer

Je revenais de la ville. Je les avais vu partout, et je voulais les avoir en photo, pour le Moulin, pour faire une lettre avec les bras tendus. Leur affaire. Moi je ne voulais pas leur donner de sous. J’avais une bonne raison pour ça, je sais ce que c’est, la pitié elles sont professionnelles, pas question.

Presque elles auraient palpé mes poches pour me les faire. Et moi je ne suis pas une bourse, je suis un être humain. C’est ce que je me rend compte, en ce jour de fête du travail, les roumaines me confrontent à mon inhumanité. Elles viennent d’ailleurs, pas d’entente possible. Cette façon de ne rien comprendre, argent, monsieur, argent. Et rien de plus. Et ça ne vous fait rien d’être regardés comme des envahisseurs, ici, les gens disent ah, les roumains, il y en a plein partout, c’est la mendicité organisé et le trafic de primes au retour.

Là, il y en a une qui me regarde enfin. Ah. Elle a compris ce que je dis. Elle penche la tête sur le côté. Les autres ont arrêté de me demander de l’argent. La grande ville avance vers la mer. La mer monte. L’europe arrive. La ville mange les bidon-villes. Bientôt le tramway, les locations chères, le soleil, la plage. Où vont elles, ces roumaines?