Le Docteur Delamitte (Un papillon dans un bocal épisode 7)

Le taxi laissa Dufilet juste devant un portail blanc, lui indiquant que la maison du docteur était un peu en retrait, au fond d’un petit parc touffu.

Sur le portail, le nom du domaine : « les effraies ».

En se retournant, il fut saisi par le paysage : la mer étincelante et calme, entre argent et bronze. Une surface maritime luxueuse, qui évoquait l’éternité. L’air rougi par le soleil, qui exhibait sa tiédeur. Quelques goélands planant au ralenti, prouvant, mais sans effort inutile, qu’il ne s’agissait pas d’une peinture mais bien d’un coin du monde des vivants. Le môle du petit port, avec quelques vagues pêcheurs multicolores reposant sur le muret. Et une troupe d’enfants, plongeant et replongeant à mer pleine, comme des fous de Bassan, avant de flotter jusqu’aux escaliers de leur grand terrain de jeu, unique au monde, sans qu’ils le sachent encore.

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Les hirondelles ne font pas le printemps (Un papillon dans un bocal 6)

En entrant dans la gendarmerie, Dufilet passa devant le panneau des avis de recherche et des numéros d’urgences. Son regard s’arrêta sur une affichette plus brillante que les autres, jaune d’or : « pour tout problème de livraison des colis hebdomadaires à destination du continent, contacter le chef de poste au numéro habituel ». Une petite photo de mammifère ornait l’affichette. Probablement le logo d’une association écologiste locale ?

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C’est précisément ce chef de poste, un homme de petite taille au sourire raide, qui accueillit juste à ce moment Dufilet.

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Le Docteur Borboleta (Un papillon dans un bocal épisode 5)

Juste après le décollage, Dufilet appela par sa ligne privée le Docteur Borboleta.

Sa femme n’arrêtait pas de lui parler de lui. «Si tu savais, mon petit museau de tanche, comme il me comprend bien… Hier, je lui ai parlé de mon père. Il a tout de suite compris quel rôle néfaste ce pervers narcissique avait joué dans ma construction névrotique… A propos de ma mère, jamais personne ne m’avait expliqué comment elle était parvenue, victime de son amour confusionnel, à m’empêcher de devenir celle que je pouvais être… Et pour ce qui te concerne, il est catégorique: j’ai fait le bon choix (mon petit anchois) mais je serais bien plus heureuse si tu allais, comme il dit, «te faire comprendre à toi-même sur son divan».

Cabinet de Freud

Cabinet de Freud

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Schmetterling (Un papillon dans un bocal épisode 4)

Molfort et les trois stagiaires de Dufilet partirent aussitôt en avion, à destination du petit aéroport de Belle-Ile. Pour ce qui le concernait, le commissaire ne partirait que l’après-midi, après son rendez-vous. La mission de ses associés n’allait pas être simple: récolter le maximum d’indices, chez Adélaïde Balaffen, dans les environs, et plus largement chez les habitants.

Mais le problème restait le même: des indices, d’accord. Mais des indices de quoi ?

Mitterand - La force tranquille

Mitterand - La force tranquille

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Adélaïde Balafenn (Un papillon dans un bocal – épisode 3)

Dufilet n’avait pas fermé l’œil de la nuit.

Comme si les événements incroyables de la veille n’avaient pas suffi à son malheur, le coup de fil de Belle-Ile avait achevé de l’électriser.

Il s’était tortillé dans son lit comme un ver de sable sur un hameçon, et avait fini, au petit jour par aller une fois de plus transformer le circuit de son train électrique, pour tenter de se changer les idées.

Vers minuit, sa femme Gwenaëlle, faute de pouvoir dormir ailleurs, avait fini par se résigner à prendre un somnifère. Car précisément, la chambre pour les invités était de longue date encombrée par l’impossible train électrique qui sillonnait la pièce dans les trois dimensions, y compris sur et sous le lit, faisant tournoyer avec un insupportable petit bruit le train miniature, du sol au plafond en passant par les murs, comme une mite qui cherche une issue et revient toujours au point de départ. Elle avait renoncé de longue date à entretenir la pièce, ayant essuyé une sévère réprimande pour avoir seulement provoqué une rupture de rail avec le tuyau d’aspirateur… Le train avait déraillé, un phare s’était brisé… Pire que le jour où elle avait oublié de mettre des pruneaux dans le far…

Chenille cerura vinula

Chenille cerura vinula

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Papillotes et capsules (un papillon dans un bocal épisode 2)

Deuxième épisode du palpitant polar de Pascal Dazin, Un Papillon dans un bocal, à suivre jusqu’au 11 novembre. C’est du côté de Belle Ile que nous entraîne cette fois l’aventure du Commissaire Dufilet.

Dès le soir, une cellule de crise se réunissait au commissariat. Un homme s’était suicidé, mais nulle trace du corps. Pourtant, tomber de plus de douze mètres sur le béton, cela ne pardonne pas. Qui était-il, d’ailleurs, ce Farfalle ? Un trafiquant, un sans papier, un agresseur d’enfants?

Molfort était reparti sur les lieux du drame, à la recherche d’indices. Quant au commissaire, après avoir essuyé les remontrances du procureur pour avoir laissé un homme sauter par la fenêtre, il avait enrôlé trois inspecteurs et donné ses consignes. Mais il avait l’esprit singulièrement troublé, comme jamais dans son passé de professionnel jusque là toujours bien noté. Un homme a un comportement suspect. Il se tue devant lui, mais pas de corps. Et de plus, s’il est maintenant certain, ne serait-ce qu’au regard de cette étrange disparition post-mortem, que l’individu a pas mal de choses à se reprocher, on ne sait pas du tout lesquelles.

Belle Ile

Belle Ile

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Un papillon dans un bocal – La métamorphose (1)

Pascal Dazin nous propose un petit polar en 17 chapitres, qui paraîtront tous les mercredi à 8 heures. Il se passe des choses étranges sur Belle Ile, le commissaire Robin Dufilet va se trouver confronté à une série de phénomènes inexplicables et flirter avec la folie. Jusqu’au bout, on ignore s’il trouvera le moyen de tenir le choc.

La métamorphose de Grégoire Samsa

La métamorphose de Grégoire Samsa

L’ homme venait de se lever quand on frappa à la porte. Cinq coups secs retentirent, alors qu’il aurait suffi d’actionner la sonnette, qui faisait entendre un son long et doux de corne de brume au soleil levant.

-Qui est là? S’enquit le locataire des lieux en enfilant avec volupté une chemise bariolée en soie.

-Police nationale. Ouvrez!

Un peu surpris, vaguement inquiet, l’homme ouvrit d’une main, terminant son boutonnage de l’autre.

-Que puis-je pour votre service?

-Commissaire Dufilet. Et voici mon adjoint le sergent Molfort. Nous avons reçu plusieurs plaintes à votre sujet de la part du voisinage.

-Des plaintes? Les voisins? Mais je ne suis presque jamais là, et je ne connais encore personne. Je ne sais même pas si les appartements attenants sont habités!

-Précisément, Monsieur… Monsieur?

-Farfalle. Antonio Farfalle.

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