Jean-Mi du CRI

Après une résidence artistique avec les élèves du lycée Branly à Châtellerault, l’artiste Miki Nitadori raconte en anglais sur son blog. Comme ça parle d’un gars que j’aime beaucoup et à qui je dois d’avoir pu vivre la belle aventure de ce blog, je traduis l’hommage de Miki pour les lecteurs du Cri et c’est ma manière de le partager.

La première fois que j’ai vu Jean-mi, j’ai remarqué sa façon de marcher, sa posture était très droite comme celle d’un acteur, faisant de grands pas, mais légers.

jean-mi

Il vint à ma rencontre avec un large sourire. Je l’ai regardé et j’ai pensé à Bruno Hadjih, un photographe aux histoires sans fin sur la vie. J’étais malade, alors j’ai dit bonjour timidement. Puis on a commencé à parler de choses et d’autres. Jean-Mi avait une personnalité inattendue. C’est un artiste et un activiste. Son travail d’artiste est un hommage à son Grand-Père qui s’occupait de la Poste dans le village où il a grandi et il est entré en contact avec le monde du théâtre. Son activité peut être vue sur le site du Centre de Cri. On a une conversation animée sur le monde, il m’interpelle souvent et j’aime l’entendre parler de ses combats et ses idées. Il est disponible et se démène pour le succès de ma résidence au Lycée Branly. Pour vous donner une idée, il a créé un blog spécialement pour cette expérience. Il l’appelle Miki Nitadori experience et je l’aime beaucoup:

Miki Nitadori Experience

Avant mon départ il m’a dit qu’il allait faire son possible pour défendre les jeunes dans tous les domaines pour qu’ils soient respectés comme tels. Il se soucie de nous, les humains, notre communauté, notre monde et c’est plus que tout. Je lui ai dit qu’il n’avait rien à craindre avec moi, je ne transformerais pas mes ados en idoles adorés. Quand je parle de cette part très dynamique de sa personne, ça donne un côté très punk mais en fait il est très souple, généreux et courtois. La confrontation avec un autre artiste me fait avancer professionnellement, à travers le questionnement et la réflexion. Comme il comprend très bien mon travail, il compense mes erreurs et mes lacunes. Son expérience d’artiste et d’enseignant rend tout ça possible. Ce travail a des objectifs ambitieux et sans sa collaboration j’aurais fait la moitié de ce dont je suis capable de faire pour continuer de travailler pour atteindre l’objectif. Mon expérience n’aurais pas eu lieu sans  Jean Mi et il m’a donné la volonté d’aller chaque semaine à  Châtellerault… Autrement, je n’aurais pas été capable de sourire chaque semaine.  Merci Jean Mi pour ton action, ta présence et ton travail.

Amicalement, Miki

Le blog de Miki Nitadori

Miki Nitadori: les arts de soi appliqués à tous

Les grand événements, comme dit Nietzsche, arrivent comme les chats, à pas de velours. Lycée Branly, je ne vais donc pas vous parler de l’incident qui s’est produit un jour à la Cité, vous raconter un fait divers, une histoire d’intoxication sur les jeunes de banlieues.

Je vais vous parler d’une grande idée, le combat de Miki Nitadori. Elle est venue à Châtellerault, accueillie par le prof d’Arts appliqués, et financée par la Région.

Miki Photo

Miki et la Photo

Etrangère, parisienne, japonaise, américaine, elle a fermé l’espace public de sa douce familiarité et, tranquillement, en prenant le temps, commencé son expérience: mener son combat au Lycée Branly, donner des gestes à voir et articuler des vues, faire vivre la classe au rythme de l’attente et de la création. Chaque semaine, elle va à Paris, développe, revient.

Phase de révélation

Phase de révélation

Accueillie par Jean Michel Denis, le prof, dont nous avons eu l’occasion de présenter l’ancienne classe avec son fameux chat d’Orléans,  Miki Nitadori est venue parler de photo, dans la nouvelle salle d’arts appliqués bien équipée d’un vidéo projecteur (merci la Région dit le Prof). Elle est aussi venue parler d’écriture, de résistance et de petits gestes qui sauvent.

Première photos

Premières photos

Alors on y va, la fabrication d’une oeuvre d’art, la photographie de classe, le journal personnel et l’autoportrait, le monde est fait de cette matière. Mais qui fait mon portrait? Qui écrit mon journal? Qui me fige dans l’espace intime du regard des autres, de ces banales photos que Miki aurait trouvées dans une poubelle  de Saint-Michel ou dans la rue Mouffetard, la rue des sorcières?

Un appareil photo c'est commun

Un appareil photo en commun

Pour apprendre à se raconter dans ce qu’il y a de plus commun, une photo de classe, ou une photo pour mes amis de blog, Miki entraîne le groupe au cœur de l’intime et du collectif; étrange combat menée par les élèves du Lycée Branly,  car parler de soi devant une caméra est difficile, on s’expose, il faut franchir un film plastique, celui qui fige l’autre en public.  Mon premier Blog est privé, public? Le monde moderne a besoin de Miki.

Jean-Michel Denis

Jean-Michel Denis

« J’utilise des photos prises dans un espace clos parce qu’on y tire le rideau et l’espace public devient privé, l’être s’y montre plein cadre, effectuant des gestes, des signes qui sont comme des outils qui donnent les moyens de combattre pour la survie quotidienne. Les surfaces noires des portraits évoquent pour moi la vie privée, cet espace intime où réside la force qui nous permet d’affronter l’environnement. »

Les arts de soi appliqués à tous

Les arts de soi appliqués à tous

« Avec Combat, manuel de survie quotidienne, j’ancre mon travail davantage encore dans l’expérience de chacun, au jour le jour, convaincue qu’il peut parfois être utile de s’aider, de s’inspirer, de s’encourager, de se réconforter de quelques gestes judicieux pour résister, aller de l’avant, se construire, se préserver… Et qui peut dire que l’adolescence n’est pas un de ces moments critiques où se construire, partager ce qui soulage et fait sens n’est pas primordial? »

Miki Nitadori