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Quito Equateur Visages de Terre et d’Argent

Ainsi s’intitulait la dernière exposition, dans la Maison des Arts, à la Ronda (centre historique), à Quito (capital d’Équateur). Une exposition qui récupère certains traits des différentes cultures de ce pays. Elsa Gire poursuit son voyage en Amérique latine et nous parle des artistes Sara Palacios et Dora Quintero.

Article en espagnol

La Ronda, rue traditionnelle de Quito, abrite de nombreuses histoires. Elle faisait partie du chemin de l’Inca. Les premiers aristocrates s’y installèrent. Puis les immigrants internes (ruraux) l’occupèrent. Actuellement, elle est un lieu de rencontres, occupé par l’art.

Femme citadine

Femme citadine

La Maison des Arts présentait du 19 Mai au 21 Juin l’oeuvre Rostros de Barro y Plata, dont les artistes sont Sara Palacios et Dora Quintero.
Sara Palacios originaire de Cuenca, modèle l’argile tout en conservant ses couleurs et ses textures, caractéristiques de tous ses travaux. Pour elle l’argile n’est pas la « petite sœur de la sculpture », souvent utilisée comme moule pour des œuvres en métal. « L’argile est un matériel noble et persistent « , rencontré à travers les âges. Les personnages de ses œuvres sont fréquemment féminins, comme dans Rostros de Barro y Plata, mais aussi par exemple dans Mujeres-Casas-Casas-Mujeres (Femmes-Maisons-Maisons-Femmes), sculptures de femmes avec des éléments architecturaux sur la tête. L’idée: Comment se sentent les femmes chez elles? Elle travaille également en Quitologia, un projet qui consiste à étudier la ville de Quito, par son architecture.
Dora Quintero originaire de Esmeraldas, pratique l’orfèvrerie depuis douze ans. Après 5 ans d’études dans un Institut pour femmes, elle a décidé de faire ses propres joailleries. Dora n’aime pas les bijoux commerciaux, elle aime les joailleries qui ont du caractère, qui ont une identité. Elle essaye de récupérer la partie sacrée et artistique de ce métier. Elle a également étudié l anthropologie, la philosophie Andine et sa langue originaire le Kuichua. Elle est l’auteur de différents livres: La Venadita ( 2006 ), Los Espiritus del mas alla ( Les Esprits de l’au delà ) ( 1998 ).

Sara et Dora se sont rencontrées à Cuba, lors d’une rencontre artistique, où il y avait une vingtaine d’artistes, d’âges et de nationalités différentes, réunis dans le but d’échanger techniques, cultures… Sous le conseil de la présidente de ce collectif d’artistes (« cienfuegos« , Cent feux), elles décidèrent de se joindre pour créer l’oeuvre Rostros de Barro y Plata.

Femme de la montagne

Femme de la montagne

Sara a créé des femmes représentant différentes cultures présentes en Equateur. Ce pays détient une grande variété culturelle. L’artiste a représenté celles qui étaient le plus ancrées dans sa mémoire enfantine.
Nous rencontrons la Mujer del Mira (Femme du Mira, rivière qui passe dans la région de Chauta). Une culture vibrante emplie de rythme, de chants, de contes, de jeux… Où l’on se préoccupe peu de la consommation et du temps.
Nous trouvons la Mujer del Monte (Femme de la Montagne, des Andes), culture ancestrale des hauteurs, du froid, des mythes, selon Sara, avec un tempérament plus calme.

La mulata y la amazonica

La métisse et la femme d'Amazonie

Nous rencontrons Amazonico, la femme d’Amazonie Équatorienne. Elle raconte les vols de l’Ayaguasca, plante bue par les habitants de cette région, lors de rituels. Un voyage vers l’intérieur. D’où l’œil gauche, creux, une vision interne.
Vient aussi La Mulata, (La Métisse), un mélange d’Indigène et de Noir, dans le cas de cette sculpture. Mais aussi d’origines coloniales et de l’Équateur.
Las Ciudadanas (Les Citadines) représentent l’influence des cultures de l’extérieur, qui petit à petit forment une nouvelle façon d’être, de se vêtir…
Ces sculptures de par leurs traits, leurs positions, leurs regards qui vous suivent, ont une identité, ont du caractère, une personnalité propre à elles-mêmes. Ce ne sont pas de simples mannequins, ornés par des bijoux. Sara écrit sur les murs blancs de la Maison des Arts  » ¿Que dice el cuerpo que esta detras del ornamento?  » (Que dit le corps qui est derrière l ornement?) Elle avait peur que les joailleries occultent les femmes, car les gens ont pour habitude de se cacher derrière des ornements. Les gens allaient-ils comprendre que ces joailleries étaient loin d’être de simples décors ?

Femme d'Amazonie avec le Spontylus

Femme d'Amazonie avec le Spontylus

Certains bijoux servent à conserver les traits culturels, plus encore ceux de Dora Quintero.
Elle aimerait qu’en voyant ses œuvres, les gens se rendent compte qu’ils appartiennent à la culture Équatorienne, ou tout au moins à l’Amérique Latine. Dora travaille avec beaucoup de symboles, avec l’un des matériaux qu’elle utilise le plus, le Spondylus, qui occupe un rôle important dans l’histoire de la culture Équatorienne.
Le Spondylus est un coquillage aux couleurs chaudes. Il se rencontre seulement sur la côte de l’Équateur et au Nord du Pérou.
Les Indigènes qui observaient le temps, se rendirent compte qu’avant qu’il pleuve, ils pouvaient rencontrer le Spondylus sur les plages. Ils firent la relation avec la fertilité. Plus tard ils s’en servirent comme d’une monnaie d’échange, ils l’échangeaient avec des pierres précieuses, comme les Émeraudes. Les hommes les plus importants emportaient de grands Spondylus jusque dans leur tombes. Depuis deux milles ans les Péruviens viennent chercher le Spondylus en Équateur, le taillent, et le rendent sculptés en fleurs ou autres formes. Ce coquillage a fait que les peuples de la côte Équatorienne puissent se développer, grâce à son commerce et ses propriétés spéciales. Le Spondylus est actuellement en voix d’extinction, car il n’y a pas de réelle protection environnementale.
Le métal que Dora utilise le plus est l’argent, qui dans la culture Andine représente la lune et la féminité.
Comme symbole important, nous trouvons Le Jaguar, qui symbolise la réincarnation du Soleil.

L'offrande Rituelle

L'offrande Rituelle

La pièce Ofrenda Ritual (Offrande rituel) détient la représentation de différents éléments importants dans la culture ancestrale, présents dans tout les rituels, comme la feuille de Coca, la Valdivia, et le Spondylus.

L'homme d'Amérique

L'homme d'Amérique

Parlons de la pièce Hombre Americano 1 (Homme Américain)… Différentes personnes Européennes influencées par la religion catholique (qui s est imposée, entre autre, à l ‘Amérique Latine), crurent que ce symbole était une croix et que l’Homme Américain y était crucifié ou emprisonné. Mais il n’est rien de cela. Ce symbole est une Chacana, il est une étoile, l’homme n’est ni crucifié, ni emprisonné, il est simplement ornementé. La Chacana représente ses pensées tournées vers le cosmos.
Les boucles d’oreilles, Colonial, représentent une nouvelle ère, avec de nouvelles modes, de nouveaux dessins, qui avant l’arrivée des colons n’existaient pas. Bien sûr, également, de nouvelles femmes, qui firent perdre leur « pouvoir » aux femmes Indigènes.
Les œuvres de cet artiste sont souvent très adorées en elles-mêmes, symbole de l’abondance naturelle, qui fait partie de la culture Équatorienne.
Le travail de Dora n est bien sûr, pas seulement symbolique, il est aussi un travail artistique. Elle est actuellement en train de travailler de nouvelles techniques, comme la recherche de la lumière dans l’orfèvrerie. On la rencontre, par exemple, dans la pièce Buscando la Luz (Cherchant la Lumière), où elle insère des topazes au corail noir.

Cherchant la lumière

Cherchant la lumière

Ces deux artistes ont sut faire fusionner deux arts bien différents, en laissant de très beaux messages.
De nombreuses personnes oublient leurs origines, jusqu’à en avoir honte. La culture de chacun doit pouvoir s’afficher, s’exprimer, être reconnue par sa propre beauté. Les cultures ne peuvent se camoufler sous le modèle occidental. La culture c’est aussi l’histoire. Combien de gens, de jeunes ne connaissent pas l’histoire de leur origine? Que fait l’éducation? Pourquoi à l’école, en Amérique Latine, en Équateur, la deuxième langue officielle n est elle pas le Kuichua? Pourquoi n’enseignent-ils pas aux enfants, ce qu’est le Spondylus, par exemple? Pourquoi dans les lycées Français n’enseignent-ils pas aux jeunes, tous, les impacts négatifs qu’on les pays riches sur ce continent?
Dora a une réponse à ces questions, la sienne est que « l’école représente ce qu’est un pays ». Nous sommes des colonies de l’Occident. Ceux qui les intéressent c’est le café, le cacao, le pétrole …  »
Merci aux artistes, et aux autres, qui rappellent aux gens d’où ils viennent, et surtout qu’ils n’ont pas en avoir honte!

Le Chemin de l’Inca: Pendant l’Empire Inca, tous les chemins de l’Amérique du Sud se rendaient a Cusco (qui en Kuichua, signifie, nombril du Monde). Les messagers le parcouraient pour faire communiquer les villes entre elles.

La Valdivia: Est à la fois un peuple et un art, l’une des cultures les plus anciennes d’Amérique Latine. Elle a marqué le commencement de la céramique, il y a de cela 5000 ans. La plupart de ces œuvres sont des sculptures très fines, de femmes, qui montrent les différentes étapes d’une vie féminine.

La Chakana: Est un symbole d’union, entre le Haut et le Bas, la Terre et le Ciel, l’humain et le Supérieur. Sa forme géométrique, n’a pas étét dessiné au hasard, elle est le fruit d une observation astronomique. ( …. )