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Le Pain de Saint-Ouens

Que veux-tu, un Musée de l’Histoire, comme monsieur Sarkozy, qui t’expliquera qu’elle commence au point A et qu’elle finit au point B?  Une histoire bien tranquille, bien morte comme le temps des pharaons? Dans sa tombe? Ecoute, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. J’ai rencontré Medhi et Badrou du Bondy blog, au sujet du problème que j’ai avec les notables du Grand Pressigny, qui me font un procès. Ecoute, j’ai dit à Medhi et Badrou, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Le temps est vivant. Tu vas me demander quel rapport ça a avec le procès que le temps soit vivant? et je vais te dire, on est jeudi, je vais t’expliquer.

En attendant Medhi et Badroudine

En attendant Medhi et Badroudine

A Saint-Ouens, en attendant mon rendez-vous avec Medhi et Badrou, j’ai commencé à vouloir ce procès, à le vouloir vraiment. Avant, je ne le voulais pas. Ce n’est pas le procès que je cherchais, c’était la philosophie, oui, mais c’est la même chose, au fond. Les hommes libres se font des procès, disait Deleuze. Mais depuis que je suis convoqué  au tribunal alors, maintenant, il est dans mon présent, et je le veux, ce procès. Il n’est pas comme le procès de Clearstream, ce n’est pas un grand procès médiatique, c’est mon petit procès et je l’aime bien; il m’apportera de la notoriété. Il apportera la notoriété au blog que les notables du Grand Pressigny veulent faire taire. La notoriété n’est pas une personne avec laquelle on peut raisonner. Qu’importe les raisons pour lesquelles elle vous tombe dessus, elle n’est pas raisonnable. Et en plus, elle est parisienne, elle parle, elle parle, c’est tout ce qu’elle sait faire.

Avec Medhi et Badrou on est aller au Mac Donald qui est juste à côté de la sortie du Métro Garibaldi. Une histoire de fou ce procès, même quand on simplifie. Qui sont les protagonistes, Villepin ou Sarkozy? Des inconnus. Un chômeur, un médecin, le maire d’un village de 1000 âmes, ne vous énervez pas! Ce n’est pas sérieux! Qui a Saint-Ouens se soucie du rat des champs? Ecoute, je ne t’envoie pas un article qui sera lu dans le monde entier, mon ami, juste une lettre, c’est une lettre de mon village, c’est un facteur qui te l’apporte, c’est pendant la guerre, toute une histoire. Il y a du monde alors, dans mon village. Par exemple, au Petit Pressigny (c’est juste à côté du Grand Pressigny), Jean-François Kahn est encore un enfant, il se cache de la terreur. Dans mon village, il y a du monde. De quoi fournir le marché noir des villes.

A Vicq-sur-Gartempe, le Grand Père s’arrête à nouveau. Il se souvient de la guerre, le temps où son village était plus peuplé que Saint-Ouens. Pour nous raconter sa mémoire on a refait la tournée de son père, qui était le facteur.  Il s’arrête devant une maison et continue son récit: Là, c’était Jaquin, la mère et le fils, toute une histoire. Madame Jaquin mère tenait une boulangerie. Elle avait deux fils, un à la guerre, l’autre, à la boulangerie pardi! Il faisait le pain et du reste, il semble qu’après le passage des copains qui venait bambocher à la boulangerie, il s’en moquait bien, de la guerre. Je ne peux pas travailler mieux, disait-il, ma mère ne me paye pas beaucoup. Il partait faire la tournée du pain sans oublier son fusil, et bang, bang, pour ramener la viande. Est-ce que je comprends bien tout ce que j’ai noté, quand le grand-père parlait de son père, le facteur Pierre Denis? Je ne sais pas. Qui le sait? Le temps, c’est vraiment vivant, ça s’en va et ça revient.

Il faut tout le temps vérifier les notes, mélanger, en prendre de nouvelles, il y a des choses, au fond, on peut jamais savoir. Les choses ne sont pas simples quand elle se ramènent à des inconnus, quand on ne cherche pas le coupable, mais l’histoire, vivante.  Medhi et Badrou, il faudra aussi qui relisent tout ce qu’ils ont noté au Mac Donald, pendant que je n’arrêtais pas de leur dire finalement une seule chose. Mon procès, c’est tout une histoire.