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Fait divers à Montpellier

Ma mère avait sorti la voiture, ça m’a rappelé que je devais aller en ville rencontrer Max, pour parler de notre film documentaire. Je l’ai attendu à la sortie du Dôme et on a discuté le projet devant la Mutualité. En gros, ce qu’on avait en archive n’était pas suffisant et on avait pas les moyens de faire de la fiction, il fallait compter sur le hasard.

inconnu dans la grande ville

D’une chose l’autre, comme toujours avec Max, la conversation s’est perdue. On trainait philosophiquement en attendant son rendez-vous avec l’ophtalmologue et il m’a dit que ce qu’il aimait par dessus tout dans notre film, c’était de prendre une grande idée et de la mettre à la portée de tous. J’ai trouvé ça impossible. J’ai dit que j’en avais un peu marre des gens, des loisirs de masse, du peuple. Qu’il y avait des choses que les gens ne voulaient pas savoir et qu’il fallait les laisser dans leur ignorance.

Ayant quitté Max, je me suis promené en ville. Je songeais à notre conversation en prenant des bains de foules dans les rues du vieux Montpellier. Place de la Canourgue, une affiche publicitaire pour le Midi Libre du jour a attiré mon attention: Le plafond s’effondre, un mort et un blessé grave. Voilà bien tout ce que le peuple a envie de savoir, me suis-je dit, que le hasard de la vie moderne continue d’apporter son lot de sacrifice absurde, pour être sûr que la vie a un sens.

Et puis, au bas de la rue Foch un truc affreux est arrivé, un piéton venait de se faire mordre par une auto; le fait était là, divers, les pompiers aussi dans la foule des curieux. Le lendemain, j’ai fait une chose encore plus horrible, j’ai acheté Midi Libre pour en savoir plus. Figurez-vous, le type était mort sur le coup et n’avait pas de papier, on avait pu savoir son identité grâce à son téléphone. Il était en train de composer un message au moment de l’accident, il avait eu juste le temps d’écrire: c’est quoi

Métaphysique non?