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Identité nationale

Notre correspondant à Toulouse, FXD, essaie d’assister à un de ces fameux débats dont on parle tant en France profonde et superficielle…

A l’heure où on se lamente ici, on se félicite par là de l’échec retentissant du sommet de Copenhague, le débat sur l’identité nationale continue son pèlerinage; cette fois-ci les valises se posent à Toulouse, dans le grand amphi de la faculté de droit, plein centre ville.

Avertis, les crieurs délocalisés ont sauté sur l’occasion. Ils ont bouquiné leur classiques sur les questions d’identité, d’intégration et d’immigration : Noiriel, Simmel,… On peut dire que le débat était très attendu, les armes intellectuelles prêtes.

Lundi 14, 18h : nous sommes venus grossir la file d’attente, pour pénétrer dans l’antre, le grand amphi où chacun allait pouvoir s’exprimer librement.

Lancés à initiative de la majorité présidentielle, ces débats ont et ont eu lieu dans toutes les grandes agglomérations françaises. Sur le site officiel de « l’identité nationale », on a pu lire que l’entrée était libre, dans la presse, on a vu que des invitations avaient été envoyé par la municipalité socialiste.

C’est donc par la poste, que la consultation nationale de cette fin d’année n’a visiblement pas sauvée, que s’achemine ces bulletins d’entrée. Pour qui ? Des professeurs, des politiques, des associations, des sportifs,…

On fait toujours la queue. La consigne c’est: laisser rentrer tous les invités d’abord. Par une porte mal gardée, on s’engouffre dans l’amphi, presque complètement vide. Rapidement des RG nous questionnent sur notre présence, nous demandent nos invitations avant de nous faire sortir de la salle sous les huées de certains invités s’étripant aux cris de «délit de faciès, une honte pour notre république».

On revient dehors, on est applaudi par les autres personnes qui attendent elles aussi de pouvoir rentrer et participer.

Le débat commence, on nous dit que la salle est pleine et qu’on ne pourra pas participer. On tente de négocier puis ce sont les C.R.S. qui encerclent progressivement la fac. On se dépêche de filer car après nous avoir enlever notre parole, on pourrait bien nous priver temporairement de notre liberté.

Manque de chance la majorité en place, et heureusement pour l’information, d’autres étudiants ont pu assister à la totalité du «débat » où on se réjouissait aux sons des violons de la chance d’être français, où on ne laissait la parole aux gens de couleur noire qu’après 30 minutes d’attente.

Dans la presse, nous avons été accusé d’avoir voulu forcé l’entrée. Même France Info a participé à l’infâme bouillie médiatique, relayant l’événement comme étant le fait de quelques jeunes gauchistes venant de l’université du Mirail (sciences sociales).

On est franchement reparti consterné. Et on a préféré prendre du recul, en parler avec nos professeurs. Il est clair que pour une majorité d’entre-nous, c’est un débat en trompe l’oeil qui permet au gouvernement d’avoir de la liberté dans ses manoeuvres politiques et qui permet d’occuper l’espace médiatique, le temps de trouver la suite au carnaval commencé il y a quelques années.